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Pontois, avec insolence.

C’est vous, monsieur le chanteur ? Que me voulez-vous ?

M. Abel, sèchement.

Je veux vous parler, monsieur l’épicier, au sujet du garçon que vous appelez Jeannot. Vous n’y tenez pas, il ne tient pas à vous ; je vous en débarrasse. Envoyez-le demain là où je lui ai dit d’aller. Il faut qu’il y aille ; entendez-vous ? il le faut. Il vous devra une indemnité pour les huit jours que vous auriez le droit de lui demander ; la voici. »

Il jeta sur le comptoir une pièce de vingt francs et sortit, laissant Pontois stupéfait.

« Qui est donc ce monsieur ? On dirait d’un prince ! Quel air ! quelle hauteur !… Et comme il a jeté cette pièce d’or ! comme on ferait d’un sou… Il me débarrasse de Jeannot, qui est un mauvais drôle, et il me paye encore ! Bonne affaire pour moi… Mais qui est donc ce M. Abel ? »

Il ramassa la pièce d’or, la mit dans son gousset, appela un garçon et remonta dans son entresol.