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café. Il trouva Jeannot seul dans la boutique, suçant du sucre candi.

M. Abel.

Viens ici, drôle ! D’après les sollicitations de Jean, je t’ai trouvé une place, une bonne place, bien meilleure que tu ne le mérites. Tu iras demain à midi rue de Penthièvre, 28 ; tu monteras au premier, tu demanderas M. Boissec, le maître d’hôtel de M. le comte de Fufières, et tu lui diras que tu viens de la part de M. Caïn. On t’expliquera le reste là-bas.

Jeannot.

Merci bien, monsieur ; je suis bien reconnaissant.

M. Abel.

C’est bon, c’est bon. Au reste, ce que j’en fais, ce n’est pas pour toi, c’est pour Jean. Va me chercher Pontois.

Jeannot, humblement.

Oui, monsieur. Je remercie bien monsieur ; je ne suis pas comme monsieur croit ; Simon et Jean m’ont sans doute fait du tort dans l’esprit de monsieur…

M. Abel, vivement.

Tais-toi ! Pas un mot de plus, ou je t’assomme ! »

Jeannot s’empressa de sortir.

« Misérable ! ingrat ! dit Abel se parlant à lui-même. Au moment où Jean lui rend un service qu’aucun autre ne lui aurait rendu, il ose l’accuser de calomnie !… Si ce n’était ma promesse à Jean, j’irais défaire ce qu’a fait Caïn. Le gueux ! le gredin ! »

Pontois entra ; il reconnut M. Abel, le chanteur.