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quant à toi, frère, je voudrais bien que tu puisses attendre que l’époque de mon mariage fût décidée, et que M. Métis ait le temps de nous trouver deux bons remplaçants.

Jean.

Comme tu voudras, mon bon Simon. Je suis plus heureux près de toi que je ne le serai jamais avec personne ; ainsi, plus nous resterons ensemble, et plus je serai satisfait. »

Lorsque Abel entra dans son atelier, il y trouva son ami, que nous continuerons à appeler Caïn. Et l’air riant d’Abel attira l’attention de son ami.

Caïn.

Qu’as-tu donc vu de si gai aujourd’hui ? On dirait que tu retiens un éclat de rire.

Abel.

Ah ! ah ! ah ! Tu devines juste ; j’ai ri au café, j’ai ri en route, je ris encore, et je rirai toutes les fois que j’y penserai. Figure-toi que, cédant aux sollicitations de mon petit ami Jean, je me suis engagé… oui, engagé, à placer comme domestique un garçon voleur, menteur, sale, paresseux, maussade, insolent, etc., etc.

Caïn, riant.

Toutes les qualités réunies, à ce que je vois ; et ce domestique voleur, menteur, etc., qui est-il, comment s’appelle-t-il ?

Abel.

Jeannot, le Jeannot qui m’est antipathique.

Caïn.

Et à qui destines-tu ce trésor ?