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M. Abel.

Et tu as raison, mon enfant ; le méchant est réellement à plaindre. Ne crains pas de m’avoir mécontenté ; je comprends très bien ta pensée… Et qui sait ? peut-être pourrai-je le ramener, lui faire du bien.

Jean.

Si vous y parvenez, monsieur, comme le bon Dieu vous bénira !

M. Abel, riant.

Et comme tu me regarderas ! mieux encore que tu ne me regardes maintenant… À propos, ton affaire, à toi, est arrangée ; tu entreras chez mes amis de Grignan ; il y a monsieur, madame, mademoiselle et le pauvre petit garçon bien malade dont je t’ai parlé, un vrai petit saint, celui-là. Demande à Simon s’il désire que tu y entres. Il est ton frère aîné, le chef de ta famille ; c’est lui qui doit décider de ton sort. Et, à présent que nos affaires intimes sont terminées, je vais aller faire les miennes… et celles de M. Jeannot, voleur, menteur, etc. Ah ! ah ! ah ! »

Et, après avoir serré la main de Jean, qui baisa celle de M. Abel, il s’échappa riant encore.

Jean raconta à son frère ce que lui avait promis M. Abel pour Jeannot et ce qu’il avait arrangé pour lui-même, Jean, sauf l’avis de Simon.

Simon.

Dans ces conditions, et puisque tu as tout dit à M. Abel, il n’y a pas d’inconvénient à ce qu’il place Jeannot ; et ce sera un vrai tour de force. Et