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et un ans, je l’adopterai et je la marierai à mon petit Jean. J’ai déjà fait mon plan, allez. Vous savez, je suis égoïste. J’arrange ma vie pour moi-même.

Hélène.

Et sans oublier les autres, monsieur. Mon Dieu, que c’est donc beau et bon d’être égoïste au point où vous l’êtes !

Kersac.

Mais oui ; vous voyez ! on se fait une bonne petite vie ; on se fait des amis.

Hélène.

Bien dévoués et bien reconnaissants, monsieur.

Kersac, souriant.

Toujours ! Les amis sont toujours dévoués et reconnaissants ; sans cela ce ne sont plus des amis… Et le dîner que nous oublions ! Marie va rentrer, et si je n’ai pas quelque chose à mettre dans mon pauvre estomac, je la mange à la croque au sel. »

Hélène remit du bois dans le feu, tira de l’armoire aux provisions de quoi faire une omelette et de quoi assaisonner une salade. Quand les œufs furent battus et prêts à mettre sur le feu, Kersac lui offrit de tenir la poêle pendant qu’elle mettrait le couvert. Ce fut bientôt fait, et, au moment où Hélène versait l’omelette dans une assiette, la petite Marie arriva rouge et joyeuse.

Elle courut à Kersac, qui l’embrassa sur les deux joues ; elle lui rendit ses baisers en disant :

« J’ai été bien des jours sans vous voir, mon bon ami ; pourquoi êtes-vous resté si longtemps sans venir ?