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Je ne vous ai rien fait, et vous m’accusez sans savoir si ce que je dis est vrai ou non.

M. Abel.

Je dis que tu mens parce que je sais que tu mens. Je t’empêche de tromper Jean, parce que je sais que tu l’as déjà trompé.

Jeannot.

Non, monsieur, je ne l’ai pas trompé.

M. Abel.

Silence, menteur ! Hier soir, tu as extorqué quatre francs à Jean pour payer la moitié du punch ; et tu venais de recevoir vingt francs pour le payer.

Jeannot.

Moi, vingt francs ! Jamais, monsieur ! Vous voulez tromper Simon et Jean pour les empêcher de me venir en aide. Qui aurait pu me donner vingt francs ? Je ne connaissais personne à ce bal.

M. Abel.

Mais quelqu’un te connaissait ; ce quelqu’un a eu pitié de toi et n’a pas voulu que tu souffrisses de la farce inventée par moi ; ce quelqu’un t’a glissé vingt francs dans la main pour payer ton punch et te faire passer ton chagrin.

Jeannot.

Non, monsieur, personne n’a eu pitié de moi et personne ne m’a rien donné. D’ailleurs, vous n’étiez pas là dans ce moment, et vous n’avez rien pu voir, par conséquent.

M. Abel.

Puisque tu m’obliges à parler, je dis que j’étais