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rentra, il était soucieux, et, au premier moment où ils se trouvèrent seuls au café son frère et lui, il dit à Jean :

« Je ne suis pas content de Jeannot, et M. Pontois en est fort mécontent. Jeannot ne veut pas y rester, et M. Pontois ne veut pas le garder. C’est malheureux pour Jeannot ; il aura de la peine à se replacer. M. Pontois l’accuse de voler un tas de choses qui se mangent ; mais, ce qui est pis, c’est que M. Pontois est presque certain que lorsqu’il vend, il ne met pas dans la caisse tout l’argent qu’on lui donne. Ceci me chagrine, car c’est le fait d’un voleur. Et comment puis-je le placer ailleurs avec un pareil soupçon ?

Jean.

Pauvre Jeannot ! Mais, Simon, si tu en parlais à M. Abel ? Il est si bon ! Il te donnerait un bon conseil, j’en suis sûr.

Simon.

Oui… tu as raison, cela pourrait être utile à Jeannot. M. Abel connaît tant de monde ! et je pense comme toi qu’il est de bon conseil. »

Peu de temps après, le tailleur vint leur apporter leurs habits, auxquels il avait ajouté des chemises fines, des cravates blanches et en taffetas noir, des chaussettes, des gants ; il était accompagné d’un cordonnier qui apportait un paquet de brodequins de soirées à essayer, et d’un chapelier qui apportait des chapeaux. Jean était dans une joie folle ; Simon contenait la sienne, mais elle était aussi vive que celle de son frère. Tout allait