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Jean.

Mais, monsieur, il ne voulait pas dépenser tant d’argent.

M. Abel, de même.

Mais puisqu’on les lui donnait.

Jean.

Tiens ! comment avez-vous deviné ça ? Ce monsieur nous dit qu’il avait ordre de nous habiller, qu’il était payé d’avance… et je ne sais quoi encore… Simon hésite ; le monsieur lui dit que ses ordres sont de faire les habits, sous peine de perdre la pratique. Simon demande qui c’est et pourquoi c’est. Le monsieur dit que c’est d’un grand artiste, un peintre, qui est très bon et très original ; qu’il nous a vus un jour mal vêtus, et qu’il veut que nous soyons bien habillés. Et il ajoute que si nous ne le laissons pas faire, nous lui faisons perdre sa meilleure pratique. Simon a enfin consenti ; le monsieur nous a pris mesure, et il nous apportera nos habits demain, et nous serons comme des princes le jour du bal de M. Amédée. Il ne manquera qu’une chose, c’est la chaussure, la cravate et le linge ; mais, quant au linge, Simon m’a dit que nous boutonnerions nos habits pour cacher la chemise et dissimuler la cravate. Ce sera très bien comme ça.

M. Abel.

Cet imbécile de tailleur ! comment n’a-t-il pas pensé au linge et aux bottines !

Jean.

Il ne faut pas injurier ce pauvre homme, mon-