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« Comment, monsieur, encore vous ? »

M. Abel le regarda.

« Tiens, c’est vous, sergent ! »

Et, s’adressant au premier :

« Votre camarade et moi, nous sommes de vieux amis ; il m’avait pris au collet comme voleur chez un épicier, il y a quelque temps, et je l’ai régalé d’un café.

Premier sergent.

Voleur ! voleur ! Et tu as laissé aller monsieur ?

M. Abel.

C’est que j’étais un voleur pour rire ; soyez tranquille, votre camarade est un brave des braves : il ne manquera jamais à son devoir ; il arrêterait plutôt dix innocents que de relâcher un seul coupable ! »

Les sergents rirent de bon cœur.

« Monsieur est un farceur, dit le premier sergent ; mais il faut tout de même prendre garde, monsieur : il y en a parmi nous qui n’aiment pas qu’on les mystifie, et qui pourraient bien, par humeur, vous emmener au poste.

M. Abel.

Eh bien ! le grand malheur ! Je régalerais le poste ! Je le griserais ! Je lui ferais faire la manœuvre ! Ce serait charmant !

Deuxième sergent.

Et la correctionnelle au bout de tout ça, monsieur ?

« Pour le soldat, c’est pis encore : le cachot et le code militaire.