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M. Pontois.

Comment, vous connaissez Jeannot ?

M. Abel.

Si je le connais, ce pleurnicheur, ce hérisson ! Je lui ai donné un bon déjeuner à Auray et des provisions pour sa route. Mais finissons cette plaisanterie. J’étais entré pour payer les vêtements perdus de Jeannot. Tenez, monsieur Pontois, voici quarante francs : une blouse, un gilet et une chemise ne valent pas plus de vingt francs, le reste sera pour Jeannot en compensation de l’arrosement qu’il a dû subir. Et à présent je me retire.

— Mais, monsieur, dit un sergent de ville, je ne sais si je dois vous laisser en liberté ; car, enfin, ce garçon qui vous a reconnu pour un voleur, ne dit rien, et…

M. Abel.

Et c’est le tort qu’il a ; je vais parler pour lui. »

M. Abel raconta en peu de mots sa rencontre avec les enfants, la leçon de prudence qu’il leur avait donnée, et l’ignorance où étaient ces enfants de son nom.

« Au reste, ajouta-t-il, venez m’accompagner et me tenir compagnie jusqu’au café Métis, vous verrez si j’y suis connu. »

Les sergents de ville voulurent se retirer en faisant leurs excuses, mais M. Abel exigea qu’ils l’accompagnassent jusqu’au café. Il y fit son entrée avec cette escorte, mena ses gardiens improvisés à Simon, qui, en le voyant ainsi accompagné, s’élança vers lui pour avoir des explications.