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récit de Kersac ; il parlait de son petit ami Jean avec une chaleur, une amitié qui touchèrent profondément sa mère et la firent pleurer comme un enfant. Quand il arriva à la fin de son récit et qu’il expliqua comment il avait payé leurs places en chemin de fer jusqu’à Paris, Hélène n’y tint pas. Émue et reconnaissante, elle saisit la main de Kersac et la serra dans les siennes et contre son cœur.

Hélène.

Que le bon Dieu vous bénisse, mon cher monsieur ! Qu’il vous rende ce que vous avez fait pour mon bon petit Jean et pour Jeannot !

Kersac.

Oh ! quant à celui-là, ma bonne dame, vous n’avez pas de remerciements à m’adresser, car ce n’est pas pour lui ni par charité que je l’ai traité comme notre petit Jean, mais pour faire plaisir à Jean. C’est un brave enfant que vous avez là, madame Hélène, et j’ai bien envie de vous le demander.

Hélène.

Pour quoi faire, monsieur ?

Kersac.

Pour le garder chez moi, à ma ferme.

Hélène.

Il est encore bien jeune, monsieur ; son frère Simon l’a demandé pour un service plus avantageux et plus facile. Quand il sera plus grand et plus fort, je serai bien satisfaite de le voir chez vous, monsieur.

Kersac.

S’il ne se plaît pas à Paris et qu’il préfère la