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Jean.

Vous-même ? Ah ! monsieur, que je vous remercie ! Pauvre maman ! comme elle sera contente ! Vous demanderez la femme Hélène Dutec, on vous y mènera ; c’est sur la route, une petite maison isolée, entourée de lierre. Et puis, monsieur, voulez-vous dire à maman qu’elle m’écrive et qu’elle me donne de vos nouvelles ; je serai bien aise d’en avoir. »

Il était temps d’atteler ; Jean aida Kersac une dernière fois ; au moment de se séparer, Kersac dit aux deux cousins :

« J’ai une idée : montez dans ma voiture ; je vais vous mener à la gare du chemin de fer, cela vous abrégera votre voyage.

Jean.

Comment cela, monsieur ?

Kersac.

Montez toujours ; je vais t’expliquer cela tout en marchant. »

Quand le cheval fut au trot, Kersac prit la parole :

« Voilà ce que je veux faire. Tu te souviens que j’ai fait une bonne affaire de petits cochons à Vannes. Je vais prendre sur mon gain la petite somme nécessaire pour payer ta place et celle de Jeannot jusqu’à Paris : de cette façon je serai plus tranquille. Je n’aimais pas, Jean, à te savoir sur les grandes routes, avec si peu d’argent, un si long voyage devant toi, et tant de mauvais garnements que l’on est exposé à rencontrer. Un pauvre enfant, ça n’a pas de défense.