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Anne.

Oui, mon oncle, je sais compter jusqu’à cent.

Le général.

Et sais-tu ce que c’est qu’un an ?

Anne.

Oh oui ! mon oncle, puisque j’ai cinq ans. Un an, c’est beaucoup de jours ; presque cent jours, je crois.

Laurent.

Un an, c’est trois cent soixante-cinq jours ; ainsi tu vois que tu as dit une bêtise à mon oncle.

Anne.

Tu crois cela, toi ? N’est-ce pas, mon oncle, que je n’ai pas dit une bêtise ?

Le général.

Tu as voulu dire une chose très aimable, ma bonne petite, mais tu as dit une chose impossible. Cent ans, c’est si longtemps, si longtemps, que nous serions tous morts de vieillesse avant d’y arriver. Mais sois tranquille, je resterai le plus que je pourrai. Voyons, mes enfants, racontez-moi ce qui vous est arrivé depuis que je ne vous ai vus.  »

Les enfants se mirent à lui raconter les événements les plus importants de leur vie, comme les premières fraises mûres dans les bois, une chasse au hérisson, la naissance de quatre petits chiens de garde charmants, les cerises des Germain.

Anne.

Et puis, Laurent, tu ne dis pas l’histoire du méchant ours.

Le général.

Un ours ! un vrai ours ! vivant ?