Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/336

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Laurent.

Tiens ! les feuilles sont très bonnes.

Félicie.

Il n’y a pas de cœur ; les feuilles sont vertes. Ce sera détestable.

Anne.

Ce sera très bon. Qu’est-ce que ça fait que les feuilles sont vertes. Hier j’en ai donné un peu aux lapins ; ils ont tout mangé ; ils ont trouvé ça très bon. »

Tout le monde partit d’un éclat de rire.

Anne.

Pourquoi riez-vous ? C’est très vrai.

Gertrude.

Mais mon oncle n’est pas un lapin.

Anne.

Je sais bien ! Et pourtant, l’autre jour, Diloy disait, en parlant de mon oncle, qui est si brave et si bon : « M. le comte est un fameux lapin ! » Tu vois. »

Le pauvre Diloy cessa un instant de bêcher ; il était tout confus. Le général interrompit aussi son travail pour rire plus à son aise. Gertrude, Félicie, Juliette et Laurent riaient aux éclats. Les rires redoublaient devant l’air étonné d’Anne.

« Ma pauvre petite Anne, dit enfin le général, je te remercie bien de ton explication pour ma salade, que je mangerai avec autant d’appétit que tes lapins.

Anne.

N’est-ce pas, Diloy, vous avez dit que mon oncle est un fameux lapin ?

— Mon Dieu, oui, mam’selle, répondit humble-