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seulement pour mener la charrette jusqu’à la maison de Diloy. Personne ne la touchera, je t’assure.

Félicie.

Non, je ne veux pas. Tu n’as qu’à demander une corde à mon oncle ; puisqu’il est si bon, il t’en donnera une.

Laurent.

Mais où veux-tu qu’il en prenne une à présent ? Il nous la faut tout de suite.

Gertrude.

Félicie, tu es fâchée, et je t’assure que tu n’as pas raison. Tu as assez d’esprit pour comprendre que tu nous fais de la peine sans que nous ayons rien fait pour te fâcher. Voyons, ma bonne Félicie, prête-nous ta corde : je te promets de la rapporter dans un quart d’heure ; veux-tu ? ajouta Gertrude en allant à elle et en l’embrassant. Me la refuseras-tu à moi, qui suis ton amie ? »

Félicie comprenait qu’elle jouait un rôle ridicule ; elle commençait à en être embarrassée ; elle saisit le moyen que lui offrait Gertrude et répondit :

« Prends tout ce que tu voudras. Je ne tiens pas à ma corde ; c’était pour taquiner Laurent et Anne que je voulais la ravoir. Ils me prennent toutes mes affaires, et je n’aime pas cela.

Gertrude.

Merci, Félicie. Tu es bien bonne », ajouta-t-elle après un instant d’hésitation.

Laurent sauta de joie et se mit à arranger la corde pour retenir tout le chargement. Avec l’aide