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Anne.

Qui voulait nous manger.

Laurent.

Et voilà que nous allons ; nous avions bien peur, comme tu penses.

Anne.

Et maman aussi.

Laurent.

Laisse-moi parler, tu m’empêches. Et voilà l’ours qui hurle et qui arrive, et le chemineau se jette devant nous, et l’ours se jette sur lui ; tu juges comme nous avions peur !

Anne.

Et maman aussi.

Laurent.

Mais tais-toi donc. Le chemineau n’a pas peur ; il se jette sur l’ours et lui enfonce dans la bouche un petit bâton pointu qui entre dans sa langue et dans son palais. L’ours ne peut plus fermer la bouche ; il crie horriblement ; le chemineau lui jette une corde qui l’étrangle ; l’ours donne des coups de griffes au bon chemineau qui le bat tant qu’il peut avec un autre bâton très gros. L’ours tombe et griffe toujours ; le chemineau le bat toujours. L’ours fait semblant d’être mort.

Anne.

Il était mort tout de bon.

Laurent.

Mais non, puisqu’il est encore vivant. Le chemineau lui met une chaîne ; il tire tant qu’il peut ; l’ours ne crie plus, ne bouge plus. Le chemineau