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plus pénibles que d’autres et j’en souffre pour Félicie autant que pour les personnes qu’elle blesse.

Mère Robillard.

Mlle Félicie ne nous a pas blessés, madame ; sans la famille du château de Castelsot, que Mlle Félicie a voulu imiter, on n’aurait eu rien à dire.

Madame d’Orvillet.

Je l’espère ; mais j’espère aussi qu’elle ne recommencera pas et qu’elle verra peu cette famille à l’avenir. »

Tout le monde garda le silence, et Mme d’Orvillet attendit patiemment le retour du galop.

Ce ne fut qu’une demi-heure après qu’on entendit les sons lointains du violon et un bruit semblable à une charge de cavalerie. Ce bruit grandit de minute en minute, et enfin apparut le galop dans un tourbillon de poussière. Il arriva comme une avalanche dans la prairie où se faisait la noce. Musiciens et danseurs tombèrent exténués sur l’herbe, haletants, en nage, ne pouvant ni bouger ni parler.

Cinq minutes après, tout le monde fut sur pied, prêt à recommencer ; un souper attendait la société. Mais il se faisait tard, les enfants n’en pouvaient plus, et Mme d’Orvillet déclara qu’il fallait partir.

« Quel dommage ! s’écria Félicie, c’était si amusant ! et je n’ai dansé qu’une fois !

Madame d’Orvillet.

Si tu avais commencé plus tôt, tu aurais dansé, comme les autres, quinze ou vingt fois. Il est tard, Laurent et Anne sont à bout de forces, il faut nous en aller. Sais-tu, mon frère, si la voiture est arri-