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vivants sont frisés comme moi ; il y a bien des gens qui nous l’envient ; on n’a pas besoin de passer par les mains du coiffeur, avec des cheveux tout frisés comme ça.

Félicie.

Je n’ai pas de fourchette pour manger mon poulet.

Moutonet jeune.

Pardon, mam’selle ; vous en avez une près de vous.

Félicie.

Mais c’est une fourchette sale !

Moutonet jeune.

Pardon, mam’selle. La mère Robillard l’a mise toute propre tout à l’heure.

Félicie.

Mais je viens de manger avec.

Moutonet jeune.

Eh bien, mam’selle, ce n’est pas ça qui l’a salie ! Mam’selle ne me fera pas croire qu’une demoiselle propre comme mam’selle salisse les couverts en mangeant avec.

Félicie.

Ce n’est certainement pas moi, mais la sauce, la graisse.

Moutonet jeune.

Oh, mam’selle ! tout ça n’est pas de la saleté ! C’est bien bon au contraire.

Félicie, avec impatience.

Que ce paysan est bête ! Donnez-moi une fourchette propre.