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Georges.

Il serait retourné dans son pays. Il est affreux ce nègre ; moi, je ne veux pas qu’il me touche.

M. Dormère.

Sois tranquille, il n’aura rien à faire pour toi ; tu ne le verras même pas.

Georges.

Alors il faut que vous lui défendiez de servir à table ; avec ses vilaines mains noires, il est dégoûtant.

M. Dormère.

Il ne servira pas à table ; je ne compte pas en faire mon maître d’hôtel.

Georges.

C’est ennuyeux tout de même qu’il soit chez nous.

M. Dormère.

Mon cher ami, tu as tort de prendre ce pauvre homme en aversion ; pense donc qu’il a fidèlement servi mon frère et sa femme pendant cinq ans, qu’ils m’en ont raconté de beaux traits de dévouement et d’attachement.

Georges.

Mais, papa, ce n’est pas une raison pour le garder chez vous.

M. Dormère.

Je trouve que c’est une raison suffisante ; je veux qu’il reste près de Geneviève et je te prie de ne plus m’en parler ; c’est un mauvais sentiment que tu témoignes : je voudrais t’en voir des meilleurs, surtout au moment de nous séparer. »