Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Geneviève.

Ne pleure pas, mon pauvre Rame ; nous allons être bien heureux ! Tu ne vas plus jamais me quitter et tu sais que je t’aimerai toujours.

Le nègre.

Oh oui ! mam’selle ; Rame être bien heureux à présent ! Pauvres maîtres à Rame ! moi pleurer pas exprès, petite maîtresse ; bien sûr, pas exprès.

Et le pauvre nègre l’embrassait encore, la serrait contre son cœur en pleurant de plus belle. Il ne tarda pourtant pas à se consoler ; les domestiques, touchés de son attachement pour ses maîtres, lui témoignèrent leur satisfaction du consentement de M. Dormère ; il leur offrit à tous ses services.

« Rame toujours votre ami, dit-il ; aujourd’hui vous bons ; lui pas oublier jamais. Rame toujours là, prêt pour courir, pour travailler, pour aider, tous, tous. »

Pélagie et Geneviève emmenèrent Rame dans leur appartement ; ils causèrent longtemps. Rame raconta son histoire ; Pélagie et Geneviève racontèrent la leur depuis trois ans qu’ils étaient séparés.

Enfin il fallut descendre pour dîner ; Geneviève embrassa une dernière fois son cher Rame, qui jadis avait été son ami et celui de ses parents plutôt que leur serviteur.

Pélagie arrangea avec Rame la chambre où il devait demeurer et qui tenait à leur appartement. Rame défit sa petite valise, se débarbouilla,