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grand attachement. Geneviève, le voyant indécis, joignit ses supplications à celles de Rame ; elle pleura, elle se mit aux genoux de son oncle ; du côté des domestiques, M. Dormère entendait des exclamations étouffées : « Pauvre homme ! — Il est touchant. — Cela fait de la peine. — C’est cruel de le renvoyer. — Je n’aurais jamais ce cœur-là. — Quel brave homme ! — Et la petite demoiselle, comme elle pleure ! Ça fait pitié vraiment. »

M. Dormère.

Voyons, Geneviève, ne pleure pas. Je veux bien le garder, mais que ce soit pour ton service particulier avec Pélagie ; et qu’il ne vienne surtout pas m’ennuyer par des querelles avec mes domestiques.

Geneviève.

Merci, mon oncle, mille fois merci. Jamais je n’oublierai cette bonté de votre part, mon oncle, ajouta-t-elle en lui baisant la main.

M. Dormère, l’embrassant.

C’est bien, Geneviève ; tu es une bonne fille ; va installer ton ami, et vous, Pélagie, faites-lui donner une chambre et tout ce qu’il lui faut.

Pélagie.

Merci, Monsieur. Je réponds que Rame sera reconnaissant toute sa vie de ce que Monsieur fait pour lui aujourd’hui. »

Geneviève baisa encore la main de son oncle et courut à son cher Rame, qui pleurait de joie de la retrouver et de chagrin de la mort de ses anciens maîtres.