Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/426

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dormère était mort de la fièvre jaune, qu’il l’avait chargé de transmettre à son père l’expression de son repentir pour sa conduite à son égard, qu’il avait demandé et reçu les derniers sacrements, qu’il était mort dans de bons sentiments, demandant pardon dans son délire à tous ceux qu’il avait offensés, particulièrement à une demoiselle ou dame Geneviève, etc.

Une heure après, M. Dormère était frappé d’une nouvelle attaque d’apoplexie, qui termina sa vie et ses souffrances après deux jours de lutte.

Le notaire, immédiatement averti, se transporta sur-le-champ à Plaisance ; il trouva dans le bureau du cabinet de travail un testament qui laissait à Jacques toute sa fortune, y compris le château de Plaisance, à charge à Jacques de faire à Mlle Primerose une rente viagère de vingt mille francs.

« Si je laisse ma fortune à Jacques, disait-il, au lieu de ma nièce chérie, Geneviève, c’est pour égaliser leurs fortunes ; ma cousine Primerose trouvera dans la rente que je lui laisse une expiation de mon injustice et de mon ingratitude à son égard pendant les longues années qu’elle a consacrées à l’éducation et au bonheur de ma nièce. »

Le chagrin de Jacques et de Geneviève fut vif ; Mlle Primerose trouvait dans cette fin prématurée du père et du fils une terrible expiation de la faiblesse du père qui avait contribué ainsi à la dépravation du fils. Elle vit toujours avec ses jeunes cousins, qu’elle se plaît à appeler ses