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Mademoiselle Primerose.

Racontez-nous donc, cher Monsieur, comment il a reçu votre communication et ma lettre.

Le notaire.

Votre lettre n’a pas produit un effet agréable à la lecture des premières lignes.

Mademoiselle Primerose.

C’est bien ce que je voulais : le faire enrager d’abord, et l’atterrer ensuite.

Le notaire.

Vous avez parfaitement réussi. Il est devenu de toutes les couleurs ; il est resté très pâle et accablé, au point de ne pouvoir parler. Il a demandé la preuve d’une voix altérée. Je la lui ai présentée. »

Le notaire continua son récit à la grande satisfaction de Mlle Primerose. Quand il arriva aux dénégations de Georges, elle s’écria :

« Impudent menteur ! effronté scélérat ! »

Mais lorsque le notaire en fut à la signature des actes et à la disparition de Georges, elle voulut savoir ce qui s’était passé entre le père et le fils.

« Je ne puis vous le dire ; mais probablement quelque chose de très vif, car, en prenant mon billet de chemin de fer, à sept heures, j’ai vu Georges descendre de la calèche de son père, avec deux grosses malles qu’il a fait enregistrer en prévenant les employés d’y veiller avec soin, parce que l’une d’elles, qu’il désigna, contenait des papiers et des objets de valeur.

« Son père l’aura chassé et il aura voulu profiter