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attribué au pauvre Rame ; et comme il ne pouvait croire à de pareilles iniquités, j’ai tiré de mon portefeuille la lettre écrite par cet horrible Georges et je la lui ai fait lire. Il en a été aussi indigné que nous l’avons tous été.

Geneviève.

Quelle lettre, ma cousine ? Comment se trouve-t-elle entre vos mains ?

Mademoiselle Primerose.

Celle que ce monstre a osé t’écrire pour te demander ta main ; tu l’as laissée dans ta chambre. Je l’ai vue, j’ai reconnu l’écriture, je l’ai lue et je l’ai emportée en remerciant Dieu d’avoir mis entre mes mains une preuve (la seule que nous ayons) de la scélératesse de ce misérable. Je suis ressortie aussitôt pour que tu ne puisses deviner que c’était moi qui la tenais. — J’ai raconté à ton subrogé tuteur ta cruelle et longue maladie qui t’avait mise si près de la mort. Il est convenu que M. Dormère, après une pareille conduite, devait être dépossédé de sa tutelle, mais qu’il faudrait pour cela que je lui intentasse un procès qui amènerait le déshonneur de son fils. Que pour éviter ce malheur, il valait mieux lui écrire pour avoir son autorisation tant pour le voyage à Rome que pour le mariage avec Jacques, et il m’a conseillé de le faire le plus tôt possible et dans les termes les plus doux, sans reproches et sans témoigner aucune incertitude de son consentement. Il viendra demain chez moi pour voir Geneviève et Jacques et faire connaissance avec sa pupille et son fiancé. Je lui