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dans la certitude que personne ne pouvait l’avoir vu, puisqu’il était seul.

Le déjeuner parut à Geneviève d’une longueur insupportable. Mlle Primerose l’observait avec attention et inquiétude. On sortit enfin de table et on passa au salon. M. Dormère sortit en disant :

« Je vais à la bibliothèque pour serrer l’argent que m’a apporté le notaire ; il faut que je paye le menuisier ; il m’a apporté une note de plus de trois mille francs et il m’attend en déjeunant. »

Aussitôt que M. Dormère fut sorti, Mlle Primerose, qui se doutait que Georges était pour quelque chose dans le trouble de Geneviève, s’approcha de lui et lui dit à mi-voix :

« Georges, qu’a Geneviève ? Je parie que tu lui as dit quelque sottise que tu ne devais pas lui dire.

Georges.

Moi, ma cousine ; je ne l’avais pas encore vue aujourd’hui. Je suis, comme vous, inquiet de son état, mais sans en connaître la cause.

Mademoiselle Primerose.

Parle-lui ; demande-lui qu’elle te le dise ; peut-être aura-t-elle plus de confiance en toi qu’en nous autres. »

Georges s’approcha de Geneviève, assise ou plutôt tombée dans un fauteuil. Il voulut lui prendre la main ; elle la retira vivement.

Geneviève.

Ne me touchez pas ; je vous le défends.

Georges.

Ah ! Geneviève, quel chagrin tu me causes par ces