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preuve pour justifier le pauvre Rame et démontrer les mensonges de Georges. Se tournant de tous côtés pour trouver quelques traces de couleurs, elle aperçut la cuvette pleine d’eau rouge et noire.

Mademoiselle Primerose.

Qu’est-ce que c’est ? il y a de la couleur dans cette eau sale. »

Georges tressaillit et rougit, mais ne répondit pas. Mlle Primerose s’approcha de lui, saisit ses mains et, les regardant attentivement, elle aperçut sous les manches de la veste celles de la chemise qui étaient tachées de noir et de rouge. Elle retourna promptement les manches de drap : le dedans avait de la couleur rouge et noire toute fraîche, la chemise également.

Mademoiselle Primerose.

Qu’est-ce que c’est, monsieur Dormère ? Est-ce de la couleur ? Qu’en pensez-vous ? »

M. Dormère, éclairé sur la vérité, repoussa rudement Georges, qui tomba dans un fauteuil en cachant son visage avec ses mains.

Mademoiselle Primerose.

Parlez, Monsieur Dormère, parlez. Lequel des deux mérite d’être chassé ? »

M. Dormère ne répondit pas d’abord, mais, sur l’insistance de Mlle Primerose qui tenait à ce que justice fût faite, il se leva ; son visage pâle et altéré répondit par avance à l’interrogation de Mlle Primerose.

« Laissez-moi, de grâce, dit-il, laissez-moi seul avec