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« Laisse passer ma cousine, mon bon Rame ; tu vois bien qu’elle est fâchée de m’avoir oubliée. Voyons, Rame, écoute-moi, ne sois pas entêté. Veux-tu me faire de la peine en étant impoli pour ma cousine ? »

Rame abaissa les bras et se rangea, en disant d’un ton radouci :

« Moi faire comme veut petite Maîtresse. »

Geneviève s’approcha de Mlle Primerose qui était rouge de colère ; elle lançait à Rame des regards furieux et ne songeait plus à embrasser Geneviève.

Mademoiselle Primerose.

Je vais vous faire gronder, monsieur Rame ; je dirai à mon cousin que vous êtes un grossier.

Rame.

Et Rame plus raconter d’histoires à Mam’selle Primerose ; pas dire quoi dit Moussu Dormère, pas raconter quoi fait Moussu Georges, Moussu Jacques. Mam’selle Primerose plus rien savoir. Voilà. »

« C’est qu’il le ferait comme il le dit, pensa Mlle Primerose. C’est méchant, ces nègres. »

Elle tendit la main à Rame ; il se mit à rire.

Rame.

Moi savoir quoi vous aimer et moi pas peur. Mais moi pas serrer main qui donne coup dans l’estomac à Rame.

Mlle Primerose rit aussi et s’en retourna avec Geneviève.

Mademoiselle Primerose.

Vois-tu, Geneviève, comme ma chambre est jolie ? Tu viendras prendre des leçons chez moi ; je t’ap-