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marche de l’escalier. Quand elle retira le mouchoir qu’elle tenait sur ses yeux, elle vit Rame debout devant elle, qui la regardait si tristement que ses pleurs redoublèrent ; elle se jeta dans ses bras sans parler.

Rame.

Pauvre petite Maîtresse ! Pauvre petite Mam’selle ! Rame malheureux ; lui pas pouvoir empêcher petite Maîtresse avoir du chagrin. Moi savoir quoi c’est ; moi vouloir beaucoup punir méchant Moussu, mais moi pas oser. Moussu chasser Rame, et moi alors, plus voir petite Maîtresse ! Pauvre moi, pauvres nous ! »

Rame se mit à pleurer avec Geneviève. Tout à coup il entendit s’ouvrir la porte du cabinet de travail de M. Dormère. S’il trouvait le nègre s’affligeant avec Geneviève, il serait certainement en colère et il accuserait sa nièce d’avoir raconté ses chagrins à son fidèle serviteur. Il n’y avait pas un moment à perdre ; il saisit Geneviève dans ses bras, monta l’escalier en deux bonds et fut hors de vue avant que M. Dormère eût eu le temps d’arriver dans le vestibule.

Rame déposa sa petite maîtresse dans la chambre de Pélagie, sortit avec précipitation, descendit quatre à quatre l’escalier de service, qui donnait dans la cuisine, et se mit à essuyer vivement de la vaisselle.

Après le départ de sa nièce, M. Dormère avait regretté les reproches qu’il lui avait adressés ; il se souvint plus nettement des paroles de Pélagie et de