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gent pour l’exploitation de la mine de plomb argentifère de Pontpéan.

Cependant, beaucoup de ces richesses, si rapidement acquises, ou bien se sont dissipées en dépenses de luxe[1], ou bien ont servi à l’acquisition de propriétés foncières ou de seigneuries.

Beaucoup de capitaux aussi se sont, en quelque sorte, immobilisés dans les charges parlementaires, si coûteuses au XVIIe siècle, ou dans les innombrables offices créés par le pouvoir royal.

D’autres capitaux échappent à la circulation de la vie économique ; ce sont les rentes, qui vont en s’accroissant sans cesse depuis le XVIe siècle. Déjà, en 1589, on compte 3 428 000 livres de rentes sur l’Hôtel de Ville. Le pouvoir royal ne cesse d’en créer de nouvelles, quitte à opérer des réductions ruineuses pour les rentiers, sans compter les « retranchements de quartiers ». Colbert se vantait des réductions qu’il avait opérées : en 1670, il avait ainsi diminué les rentes d’un tiers. Mais, après lui, ce furent d’incessants emprunts et aussi de constants manquements de parole aux dépens des malheureux rentiers. En 1789, on comptait 62 millions de rentes perpétuelles sur le Trésor royal ; mais les rentes sur le clergé (beaucoup plus sûres que les rentes sur l’État) se chiffraient par 149 millions, et il y avait aussi des rentes sur les États provinciaux, au taux modéré de 4 à 5 %, parce qu’elles offraient assez de sécurité.

De ce qui précède, on peut conclure que l’extension des « affaires de finance », le nombre des charges et offices, la quantité des rentes ont contribué à retarder, en France, l’expansion du capitalisme commercial et industriel.

  1. Voy. Thirion, La vie privée des financiers d’autrefois, 1895.