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pour le commerce comme pour l’industrie, une période de renaissance et d’expansion, qui a sa répercussion financière. Le crédit se développe au point que, vers 1678-1680, le taux de l’intérêt s’abaisse à 5 et même à 4 %. Les grandes compagnies commerciales (d’Afrique, de la Baie d’Hudson) font des profits très considérables, et plus encore, la Compagnie des Indes Orientales, dont les dividendes s’élèvent à 380 %[1].

La guerre de la Ligue d’Augsbourg cause, il est vrai, de grandes pertes au commerce. Cependant, on voit naître, à la fin du XVIIe siècle, un grand nombre de compagnies nouvelles, dans l’industrie métallurgique, l’industrie textile, la fabrication du papier, etc. Puis, il y a un fait d’une importance capitale, et très significatif, la fondation d’une banque d’État, la Banque d’Angleterre, en 1694, création qui va assurer le crédit de l’État issu de la Révolution de 1688[2].

Au total, à la fin du XVIIe siècle, en Angleterre et en Écosse, on compte 140 sociétés par actions, dont le capital global s’élève à 4 250 000 livres sterling. Sur cette somme, 3 232 000 livres appartiennent à six entreprises : les Compagnies des Indes Orientales, d’Afrique, de la Baie d’Hudson, de New Rivier, la Banque d’Angleterre et la Million. Bank. — Fait très important : on observe une grande fluctuation dans le prix des actions : celles de la Compagnie des Indes Orientales, de 200 livres sterling, en 1692, descendent à 37, en 1697 ; pour la même période, les actions de la Compagnie d’Afrique tombent de 52 à 13 livres sterling, et de la Baie d’Hudson, de 260 à 80. Tel est l’effet de crises

  1. Au même moment, les dividendes de la Compagnie hollandaise ne sont que de 166 %, mais son capital est de cinq fois supérieur à celui de la Compagnie anglaise. Le tant pour cent s’applique naturellement au capital primitif des actions.
  2. Voy. Philoppovitch, Die Bank von England im Dienste der Finanzverwaltung des Staates, Wien, 1885 ; John Sinclair, History of the public revenue of the British Empire.