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avis au vice-roi du Pérou, qui fait sa résidence à Lima… Le vice-roi le fait savoir incessamment à tous les marchands et donne les ordres nécessaires pour le transport de l’or et de l’argent qui doit être envoyé à Panama par mer et de là à Porto Bello sur des mulets. Les galions ont coutume de rester quatre mois à Carthagène, à y négocier et échanger une partie de leurs marchandises. Le commerce qui s’y fait est d’environ 4 millions d’écus. De Carthagène, les galions vont à Porto Bello, où se tient dans ce temps-là une foire, qui dure cinquante ou soixante jours ; ils y laissent pour 18 ou 20 millions d’écus de marchandises de l’Europe et en rapportent pour environ 25 millions d’écus en or, argent et autres marchandises du pays, De Porto Bello, ils retournent à Carthagène, où ils sont encore quinze jours, et de là ils vont à La Havane où ils restent à peu près le même temps…

« Les flottes vont à la Vera Cruz, ville du royaume du Mexique ; elles y débarquent ordinairement tous leurs effets, et les marchands les y vendent ou les transportent, s’ils veulent, ailleurs. Elles demeurent dans ce port depuis le mois de septembre jusqu’au mois de juin qu’elles repartent pour Cadix…[1] »

Cependant, les Espagnols font aussi le commerce dans la région de la Pampa par le port de Buenos Aires ; enfin, on commence à se, servir de la route du cap Horn pour trafiquer avec la côte du Pacifique, mais ce fut surtout le commerce interlope qui s’en chargea.

5. Le commerce des étrangers dans l’Amérique espagnole. — En réalité, ce commerce avec l’Amérique espagnole est fait surtout, — indirectement tout au moins —, par les étrangers, et principalement par les puissances maritimes du Nord-Ouest. Ces puissances, on le sait, se sont développées merveilleusement, à la fin du XVIe siècle et dans la première moitié du XVIIe, aux dépens de l’Espagne ; il s’agit surtout de l’Angleterre, et plus encore de la Hollande, qui, en révolte contre la monarchie espagnole, se constitue, aux dépens du Portugal,

  1. Mémoire sur le commerce de Cadix, de 1691 (Arch. des Affaires étrangères, Espagne, 80).