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distingue essentiellement le régime capitaliste des autres régimes économiques, c’est la mobilité des capitaux, pour qui les obstacles nés de l’espace et du temps disparaissent, en quelque sorte. D’autre part, le capital, accumulé en vue du gain, de l’intérêt, reçoit une rémunération qui n’est plus, véritablement, la récompense du travail ; il opère en fonction du temps, contrairement aux conceptions de l’antiquité, du moyen-âge, et aux prescriptions de l’Église, qui, tout comme Aristote, ne peut admettre que « l’argent enfante de l’argent ».

Voici, au XVIIe siècle, une grande puissance économique, la Hollande, dont la force repose tout entière sur le capitalisme commercial et financier. Mais, dès le début du XVIIIe, son déclin s’annonce, précisément parce que sa prépondérance ne repose que sur le commerce maritime et le trafic des valeurs mobilières. L’Angleterre et, dans une certaine mesure, la France prendront sa place, parce qu’elles ont à exporter, non seulement les produits de leur sol, mais encore les objets créés par leur industrie. C’est le moment où le capitalisme commercial et financier va commencer à exercer son emprise sur l’industrie.


III


L’industrie, longtemps aux mains des petits métiers, dépourvus de capitaux, va clone se transformer peu à peu en grande industrie capitaliste. Mais le premier stade de cette évolution est marqué, par l’action des marchands-entrepreneurs, qui vont surtout développer, à leur profit, l’industrie rurale et domestique. L’artisan campagnard ou le maître ouvrier de la soie à Lyon n’est plus en relation directe avec l’acheteur ; c’est le maître marchand qui court à la recherche des marchés lointains, règle, « contrôle » la production ; c’est à lui aussi, et non plus à l’artisan, que va le plus clair du profit.