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visible que le travail servile était peu rémunérateur, d’autant plus que le prix des esclaves ne cessait de s’élever. Les colons du Sud, pour conjurer la crise qui les menaçait, auraient eu besoin, soit d’obtenir le rétablissement de la traite, ce qui était impossible, car elle était condamnée par l’opinion de tous les peuples civilisés, soit de mettre en valeur de nouvelles contrées, plus fertiles ; et c’est pourquoi ils se sont efforcés d’introduire l’esclavage dans les nouveaux États du centre. Or, cette prétention a été, on le sait, la cause directe de la guerre de Sécession[1].

On a vu que l’esclavage et la traite négrière ont contribué, à édifier le capitalisme ; il semble bien que le développement de ce même capitalisme n’ait pas été sans influence sur leur abolition.


3. Influence du capitalisme sur les transformations des classes ouvrières et marchandes. — La répercussion des différentes phases de l’évolution capitaliste sur la condition des classes marchandes et ouvrières se perçoit encore plus facilement.

Tant que le capitalisme commercial a été prépondérant, c’est la classe des négociants qui, dans la vie économique, joue un rôle de premier plan. Les artisans de la campagne sont tombés, on l’a vu, sous leur dépendance économique et bon nombre aussi de maîtres des villes, tout au moins dans l’industrie textile.

Les négociants ont ouvert la voie aux patrons industriels de la période qui voit le triomphe de l’industrie capitaliste. Mais ceux-ci, comme le remarque justement M. Mantoux, ne sont pas « purement et simplement les successeurs des marchands manufacturiers du XVIIIe siècle ».

  1. Voy. aussi Ernst von Halle, Baumwollproduktion und Pflanzungswirthschaft in der nordamerikanischen Südstaaten (Forschungen de Schmoller), 1897.