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de début dans la première moitié du XIXe siècle. Il est vrai que, dans les États du Nord, la grande industrie, le factory system, a commencé à s’implanter, tout au moins dans les fabrications textiles, et que les établissements concentrés s’y multiplient, surtout depuis 1825. Mais, d’autre part, l’industrie métallurgique, les mines de houille ne sont encore exploitées que par d’assez modestes entreprises. Tout compte fait, pour les objets manufacturés, les États-Unis sont encore tributaires de l’Europe, et notamment de l’Angleterre, malgré les tarifs protecteurs de 1816 et de 1824. On le comprend, si l’on songe que les Américains sont toujours préoccupés de mettre en valeur les immenses territoires des pays du centre ; leur expansion économique est donc plus extensive qu’intensive. Puis, les États du Sud, dans lesquels la culture du coton devient florissante, sont exclusivement agricoles et vivent du travail servile.

Toutefois, dans cette période, les grands progrès des voies et moyens de communication annoncent le développement futur. De nombreuses routes sont créées, du moins dans l’Est. Puis, à partir de 1830, la construction des chemins de fer y est plus rapide et plus intense que dans l’Europe continentale et même qu’en Angleterre, précisément parce que le réseau routier y est moins développé. Par l’application de la vapeur à la navigation, les États-Unis devancèrent aussi l’Europe ; depuis l’achèvement du canal de l’Érié, en 1825, la navigation intérieure devient très active. On peut donc dire que, si l’évolution du capitalisme y a été, d’abord plus lente que dans les pays les plus avancés de l’ancien continent, l’accumulation des capitaux, qui devient de plus en plus intense, prépare l’avenir capitaliste de La grande république américaine[1].

  1. Voy. D. Pasquet, Histoire du peuple américain, t. 1, 1924 ; Carroll D. Wright, L’Évolution des États-Unis, trad. fr., 1901 ; E. R. Johnson, ouv. cité, t. II ; V. S. Clark, History of the manufactures in the U. S. (1607-1860), 1916 ; Ernst von Halle, Die Baumwollproduktion und die Pflanzungswirthschaft in den nordamerikanischen Südstaaten (Forschungen de Schmoller), Leipzig, 1897.