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buèrent à l’expansion économique de l’Allemagne dans la période suivante. Les banques privées ne jouent qu’un rôle assez faible, excepté à Francfort, qui reste, au XIXe siècle, le grand marché financier de l’Allemagne.

Le capitalisme s’est encore moins développé dans les divers pays de la monarchie autrichienne, qui ne sont pas encore dégagés du régime féodal. Seule, la ville de Vienne est un important marché financier.

Enfin, l’influence du capitalisme se fait très peu sentir dans l’Empire russe, presque exclusivement agricole, si l’on en excepte une partie de la Pologne. Cependant des manufactures — créations artificielles — existent dans quelques régions, notamment à Moscou ; mais la grande industrie est encore peu de chose. Ce qui montre, d’ailleurs, que l’économie de la Russie reste en grande partie celle du moyen âge, c’est le rôle qu’y joue toujours la grande foire de Nijni-Novgorod. Si le capitalisme commence à agir, c’est surtout du dehors, grâce aux progrès du commerce extérieur ; l’exportation des blés, notamment, contribue à accroître la quantité des capitaux, qui plus tard serviront le développement du capitalisme[1].

Dans l’Europe méridionale, en Italie[2], en Espagne, en Portugal, c’est toujours l’ancien régime économique qui subsiste, et qui subsistera encore longtemps, exception faite pour la Catalogne où se sont créées d’importantes manufactures.


5. Le capitalisme aux États-Unis. — Le capitalisme, qui s’est si merveilleusement développé aux États-Unis depuis cinquante ans, n’en est encore qu’à sa période de

  1. Voy. J. Kulischer, Russische Wirthschaftsgeschichte ; P. Milioukof, Essais sur l’histoire de la civilisation russe, trad. fr., 1901 ; E. Schkaf, La question agraire en Russie ; Anatole Leroy-Beaulieu, L’Empire des tsars et les Russes, 3 vol. 1881-1889.
  2. Cf. Barbagallo, Capitale è lavoro, Milan, 1925.