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près 1840 et surtout après 1850 ; l’on verra alors la con. centration faire de grands progrès. La consommation de la houille quadruplera de 1830 à 1848[1].

L’industrie lainière n’a encore que fort peu l’aspect d’une industrie concentrée ; à Reims, par exemple, les petits ateliers l’emportent toujours sur les grands établissements. Cependant, à Louviers, dès la Restauration, on compte quelques belles usines, et, sous la monarchie de juillet, la filature mécanique de la laine peignée se développe beaucoup. C’est dans la fabrication cotonnière que la grande industrie, comme en Angleterre, fait les plus grands progrès, grâce à l’extension du machinisme, qui gagne même le tissage : en 1846, on compte déjà 31 000 métiers mécaniques. En 1848, il existe une centaine de papeteries mécaniques au lieu de quatre, en 1827).

Fait significatif : en 1847, on trouve en France environ 5 000 machines à vapeur, représentant une force de 60 000 chevaux-vapeur ; mais c’était encore peu de chose, si l’on songe que, cinquante ans plus tard, on en verra 100 000 avec une force de 2 millions 1/2 de chevaux-vapeur.

Un signe de la nouvelle organisation industrielle, c’est la décadence de l’industrie rurale et domestique : la fabrication de la toile disparaît presque complètement en Bretagne et dans le département de la Mayenne, qui deviennent des pays exclusivement agricoles. Dans des régions comme la Flandre et la Picardie, l’industrie rurale va céder le pas à la grande industrie, mais la transformation se fera plus lentement. C’est plutôt un cas exceptionnel que celui du Vivarais, où la filature de la soie est encore, en partie, une fabrication fami-

  1. J. Levainville, L’industrie du fer en France (Coll. Armand Colin), 1923.