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elle, et c’est la politique du laissez-faire qui l’emporta. La Révolution de 1688, à ce point de vue aussi, exerça une influence de premier ordre ; elle favorisa la cause de la liberté commerciale et économique. On s’explique donc qu’au XVIIIe siècle les essais de manufactures, tentés dans l’industrie textile, aient été peu nombreux et n’aient pas obtenu grand succès[1].


5. La technique et la concentration industrielle. — La concentration industrielle, sans laquelle il ne saurait y avoir de grande industrie, est née surtout de nécessités techniques. Un exemple typique nous est fourni par l’impression sur toile. Dans les manufactures d’indiennes, on voit la concentration industrielle S’opérer de bonne heure sur la plus vaste échelle, sans qu’il y ait eu intervention du machinisme proprement dit. On se l’explique si l’on songe, comme le dit Ch. Ballot, que « les conditions techniques de la fabrication nécessitaient l’immobilisation d’importants capitaux, la réunion des ouvriers en ateliers et la division du travail entre eux ». Il faut des terrains étendus pour le blanchiment des toiles, de vastes bâtiments pour les ateliers, de grandes pièces pour le séchage. L’outillage est compliqué et coûteux ; on a besoin de stocks importants (toiles et matières colorantes). En outre, la diversité des manipulations, qui doivent se faire dans le même local, exige la division du travail entre de nombreuses catégories d’ouvriers spécialisés, et qui doivent travailler sous le même toit. Rien d’étonnant que, vers la fin de l’ancien régime, cette industrie comprenne plus d’une centaine de, manufactures, produisant pour plus de 12 millions de livres de toiles peintes. La plupart appartiennent à des compagnies de plusieurs

  1. Voy. G. Unwin, The industrial organisation, p. 172 et suiv.