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4. Les causes économiques de la guerre de l’Indépendance. — Au XVIIIe siècle, c’est toujours surtout grâce à leurs propres efforts que se développent les colonies anglaises de l’Amérique du Nord, sans que la métropole ait eu une grande part à leurs progrès. La population, en 1760, s’élève à 1 600 000 habitants. L’agriculture continue à jouer un rôle considérable, surtout dans les colonies du centre, qui produisent les céréales, et dans les colonies du Sud, qu’enrichit la culture du tabac, du riz et de l’indigo (celui-ci introduit dans la Caroline du Sud, en 1741).

L’industrie n’a qu’une importance secondaire. C’est en partie, — mais dans une assez faible mesure -, la conséquence du système colonial. La métropole, qui veut se réserver le monopole, en Amérique, de ses produits industriels, édicte des mesures tendant à empêcher la création dans ses colonies de manufactures de drap, de chapeaux, d’acier. Cependant, il s’y crée des manufactures, encouragées par les gouvernements coloniaux. Mais l’un des grands obstacles, c’est le manque de capitaux ; ceux-ci, en progrès au XVIIIe siècle, sont plutôt attirés vers les entreprises commerciales ; le taux élevé de l’intérêt (6 ou 8 %) est défavorable aux progrès de l’industrie ; la rareté de la monnaie ne l’est pas moins. Une difficulté tout aussi grande, c’est le manque de main-d’œuvre : les émigrants sont attirés par d’autres champs d’activité plus avantageux. C’est la raison pour laquelle la métallurgie ne s’est développée que si lentement dans le New Hampshire. Un fait caractéristique, c’est que les salaires sont plus élevés qu’en Europe (de 50 % plus considérables qu’en Angleterre dans la filature).

Partout, c’est donc encore le régime de la petite industrie, la dispersion des établissements industriels. Toutefois, dans la seconde moitié du siècle, il y a une