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tations, cultivées par leurs propriétaires ; dans les colonies du centre, dominent les fermes d’étendue moyenne, souvent louées par leurs propriétaires ; dans le Sud, ce sont de grandes plantations, produisant surtout du riz et du tabac. Le commerce des fourrures joue encore un grand rôle. Dans la Nouvelle-Angleterre, l’industrie commence à se développer. On y construit (surtout dans le Massachussets) beaucoup de bateaux, et à meilleur compte qu’en Angleterre, de sorte que les deux tiers de la flotte commerciale de la métropole en proviennent. Le rhum, fabriqué avec le sucre des Antilles, est aussi une industrie importante.

Cependant, c’est le commerce qui est déjà la principale ressource de la Nouvelle-Angleterre ; elle exporte dans la mère-patrie clés poissons, des produits forestiers, du rhum, des bateaux, mais des droits sur les grains (cornlaws) l’empêchent d’y envoyer ses blés. En même temps, son trafic avec les Indes Occidentales, c’est-à-dire avec les Antilles, ne cesse de s’accroître : elle va y chercher la mélasse dont elle a besoin pour la fabrication du rhum et elle y transporte les salaisons, les céréales, les bois de construction et aussi les noirs, car elle est le grand centre de la traite négrière. La colonie de New York se livre à peu près au même commerce, mais sur une plus petite échelle. En somme, le commerce total des colonies est une fois et demie ou deux fois plus considérable que leur trafic particulier avec la métropole, qui, en 1700, s’élève à 344 000 livres sterling pour l’exportation, et 395 000 pour l’importation. La Révolution de 1688 lui a été très favorable, car elle l’a affranchi de la politique tracassière de la Restauration. On voit donc, en fin de compte, qu’à la fin du XVIIe siècle, le monopole commercial de la métropole ne s’exerce plus pleinement, en dépit de tous les trade acts.