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payable au porteur, d’actions et d’obligations, jetées sur le marché par des sociétés commerciales et industrielles ou par des emprunts d’États, ou enfin de billets de banque. Un fait très intéressant, que Sombart met en valeur, c’est la création, en Hollande, au XVIIIe siècle, du crédit hypothécaire en faveur des colons de Surinam ; leurs plantations constituaient le gage des sommes qu’ils empruntaient aux banques hypothécaires[1].

M. Sombart montre aussi les grands progrès de la spéculation sur les valeurs que l’on peut constater, au XVIIIe siècle, dans les bourses d’Amsterdam, de Hambourg et de Londres. Ces progrès sont d’ailleurs en relation avec le développement des affaires commerciales. Voilà pourquoi les spéculations sur les valeurs ne deviennent fréquentes à Paris que vers la fin de l’ancien régime. Ce sont ces spéculations qui provoquèrent, en France, les arrêts du Conseil des 7 août et 2 octobre 1785, confirmés par l’arrêt du 21 septembre 1786, qui déclarent « nuls les marchés et compromis d’effets royaux et autres quelconques, qui seraient à terme, sans livraison desdits effets ou sans le dépôt réel d’iceux » ; mais ce dernier arrêt fait allusion aux tractations qui « rendent fort difficile de découvrir la trame de ces négociations »[2].

D’ailleurs, pendant la plus grande partie du XVIIIe siècle, la spéculation à termesur les fonds est fort mal vue, même dans les milieux capitalistes. À la Chambre des Communes, en 1733, on s’éleva violemment contre « l’infâme pratique de l’agiotage en Bourse ». Pour Postlethwayt, l’auteur de l’Universal dictionary of

  1. Voy. Luzac, La richesse de la Hollande, t. II, p. 200.
  2. Isambert, Anciennes lois françaises, t. XXVIII, pp. 246-248. C’est aussi une Déclaration du 19 mars 1786, qui ordonne que toutes les commissions des agents de Paris seront transformées en offices (au nombre de 60) ; cette mesure est provoquée par « l’étendue du commerce et l’importance des négociations qui se font maintenant dans notre capitale » (Ibid., t. XXVIII, pp. 151-156).