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qui avait fait paraître, en 1787, ses Recherches sur les rentes, les emprunts et les remboursements, auxquelles l’Académie des Sciences donna son approbation[1].

D’ailleurs, si l’on veut se rendre un compte exact de l’extension du capitalisme au XVIIIe siècle, il ne faut pas envisager seulement Paris, ni les grands centres industriels ou commerciaux. Dans les villes de second ordre, il y avait encore peu de capitaux et la circulation de l’argent était peu active. Les Souvenirs d’un nonagénaire, d’Yves-Fr. Besnard, nous disent[2] :

« On ne connaissait pas alors [vers 17701 à Angers un seul banquier, ni un seul millionnaire dans le commerce, ni même dans la noblesse. »

Les plus grosses dots n’étaient pas supérieures à 20 000 livres ; celles de 10 000 « faisaient du bruit ». Et les Souvenirs ajoutent :

« On se retirait volontiers des affaires, lorsqu’on était parvenu à jouir de 3 ou 4 000 l. de rente, ce qui passait alors, dans tout le Tiers État, pour une très honnête fortune. »

Dans les petites villes, dans les bourgs et les campagnes, les capitaux étaient encore rares, et cette pénurie de capitaux est précisément l’une des raisons qui expliquent les faibles progrès de l’agriculture.


6. La théorie de W. Sombart. — Pourquoi le capitalisme, sous sa forme commerciale et financière, a-t-il été plus précoce en Hollande et en Angleterre qu’en France ?

  1. Voy. Edgard Blum, Les assurances terrestres en France (Revue d’Histoire économique, an. 1920, p. 95 et suiv.) ; Hamon, Histoire générale des assurances ; C. Bloch et Tuetey, Procès verbaux du Comité de mendicité ; H. Sée, Notes sur les assurances maritimes en France, et particulièrement à Nantes, au XVIIIe siècle (Revue historique du droit, 1926).
  2. Ed. Célestin Port, t. I, p. 129.