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Le commerce avec l’Espagne, surtout avec Cadix, est encore considérable, mais il fléchit dans la seconde moitié du XVIIIe siècle ; Le commerce avec la Hollande n’a plus l’importance qu’il avait connu au XVIIe siècle. Par contre, les transactions avec l’Italie et avec l’Allemagne se développent sensiblement, ainsi que le trafic avec les pays du Nord, mais celui-ci se fait toujours par l’intermédiaire des Hollandais. Le commerce avec l’Angleterre est toujours gêné par les droits de douane, qui seraient presque prohibitifs sans la contrebande. Par contre, le commerce avec le Levant, comme le montre M. Paul Masson, est toujours florissant, quoi qu’on ait prétendu, puisqu’à la veille de la Révolution, l’importation se chiffre par 36 millions de livres, et l’exportation par 28 millions.

En France, comme en Angleterre, c’est le commerce colonial qui, au XVIIIe siècle, se trouve toujours au premier plan. La Compagnie des Indes, reconstituée après la chute du système de Law, en 1723, fait encore un commerce considérable avec l’Inde et le Japon, puisque, dans la période de 1743 à 1756, ses bénéfices s’élevaient à environ 72 millions de livres par au. Mais la guerre de Sept Ans, puis le traité de Paris lui portent un coup mortel : en 1768, ses bénéfices tombent à 18 millions, ce qui explique sa suppression, en 1769[1]. La perte du Canada, encore assez peu développé, fut beaucoup moins sensible.

Mais le commerce avec les Antilles, comme la colonisation de ces îles, ne cesse de se développer au XVIIIe siècle et il est très florissant à la veille de la Révolution ; la consommation des denrées coloniales (du sucre, du café, du tabac et, dans la seconde moitié du siècle, du coton) s’accroît très sensiblement. En 1716, le commerce

  1. Voy. Henri Weber, La Compagnie des Indes, 1904.