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est révélé par quelques faits très frappants. La Banque d’Angleterre, dont le capital, fixé primitivement à 1 200 000 livres sterling, et qui, en 1697, s’était élevé à 2 200 000 livres, atteint, en 1710, le chiffre de 5 559 000 livres. La Banque d’Écosse, très florissante, donne 20 % de dividende à ses actionnaires. Il y eut, il est vrai, en 1708, une crise très grave ; trente sociétés par actions ont cependant survécu. Et bientôt, ce fut une nouvelle poussée de spéculations, comme on n’en avait jamais vu jusqu’alors.

C’est ici que se place l’épisode fameux de la South Sea Company, créée en 1711, au capital nominal de 9 millions de livres. Son organisation, très analogue à celle de la Compagnie d’Occident de Law, donna lieu, exactement à la même époque, c’est-à-dire en 1719 et 1720, à des spéculations aussi insensées.

Notons, d’ailleurs, qu’à ce moment même il se crée un grand nombre de sociétés ayant pour objets la pêche, les mines, les travaux des ports, les manufactures, sans compter un grand nombre d’autres entreprises plus ou moins chimériques.

De janvier à mai 1720, les actions de toutes ces sociétés montent dans les proportions suivantes :

Pour la Banque d’Angleterre ………………… de 36 %
Pour la Compagnie des Indes ………………… de 34 %
Pour la South Sea Company ………………… de 225 %
Pour l’African Company ………………… de 300 %

En mai, les actions de la South Sea s’élèvent à 600 %, et, en juin, à 1050 ; ce fut, pour elle, comme pour les autres sociétés, le maximum de l’inflation. Comme il était naturel, ce boom devait aboutir à un rapide effondrement : en septembre 1720, se produisit la panique, à la suite de laquelle toutes les actions des sociétés baissèrent