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matières premières de l’Extrême-Orient qui suscitèrent les industries nouvelles du coton et de la s’oie.

Sans aucun doute, c’est à la croissance des centres commerciaux qu’il faut attribuer le développement des centres industriels. Liverpool, qui, avant le XVIIe siècle, n’était qu’un village de pêcheurs, commence à devenir un grand port au XVIIe siècle, « une des merveilles de la Grande-Bretagne », affirme Defoë. Le tonnage du port, de 27 000 tonnes en 1700, s’élève à 140 000 en 1770 ; sa population, de 5 000 habitants en 1700, atteint déjà plus de 34 000 âmes en 1773. Le commerce de Liverpool a grandi, grâce à ses relations avec les colonies, grâce à l’importation des denrées coloniales (sucre, café, coton) et surtout grâce à la traite négrière ; Liverpool est essentiellement un entrepôt (comme Nantes l’est en France), à un moment où l’industrie cotonnière du Lancashire n’est pas encore très développée ; celle-ci doit surtout sa naissance aux progrès du grand port voisin. L’extension des marchés exerce une influence prépondérante sur toute l’activité économique.

L’importance extraordinaire du commerce a frappé les observateurs étrangers, et notamment Voltaire, qui, dans sa Xe Lettre philosophique, a justement remarqué :

« C’est uniquement parce que les Anglais sont devenus négociants que Londres l’emporte sur Paris pour l’étendue de la ville et, le nombre de citoyens ; qu’ils peuvent mettre en mer 200 vaisseaux de guerre et soudoyer des alliés… Tout cela donne un juste orgueil à un marchand anglais et fait qu’il peut se comparer, non sans quelque raison, à un citoyen romain.


3. Épanouissement du capitalisme financier en Angleterre. — Cette expansion si remarquable du grand commerce maritime et colonial a eu pour conséquence naturelle l’épanouissement du capitalisme financier. Il nous