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ROSEMONDE GERARD




Née’à Paris en 1872, Rosemonde-Etiennette Gérard, fille du oolone i comte Maurice Gérard, petite— fille du maréchal Gérard, arrière-petite fille de Mme de Genlis, a épousé, en 1800, M. Edmond Rostand.

On a dit de Mme Mathieu de Noailles qu’elle fut la première & chanter « l’humble beauté de nos légumes » ; — la première à les chanter à sii façon, 11 est vrai, — mais, avant elle, dans Les Pipeaux parus en 1889. Mme Edmond Rostand, alors Rosemonde Gérard, s’était essayée à knduire la familière poésie du jardin potager…

Dans une plate-bande à bordure d’oseille
Majestueusement poussaient les artichauts ;
Et tout le long du mur où serpentait la treille
Pendaient les chasselas poudrerizés de chaux.

Le ton est simple, bon enfant : on songe à du Coppée harmonieux et féminin…

Alignés, bedonnant sous leur cloche de verre.
Les melons presque mûrs avaient de beaux tons roux ;
Des mouches bourdonnaient aux portes de la serre
Et les papillons blancs voltigeaient sur les choux !

Le tableau est bien observé, spirituel et charmant. Le petit volume de Mme Edmond Rostand se divise en trois parties. Dans la première, Rustica, après la Vie du potager, elle noua dit la silhouette heureuse de la chaumière, la paresse voluptueuse du léEard, la gaîté fraîche et jeune du printemps, le chant du rossignol

Plus doux que le chant des hautbois,

et les ébats des petits canards « barboteurs et frétillards », et la mélodie des cigales :

Les cigales, ces bestioles.
Ont plus d’âme que les violes.
Les cigales, les cigalons.
Chantent mieux que les violons.

La seconde partie du livre est faite de Petits Poèmes où s’évoque le charme désuet des vieilles choses : vieux bahuts, vieux pastels, vieux gilets.

Le clavecin aux notes grêles,

ou bien

La chaise à porteurs d’un bleu tendre.