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A mes cheveux blancs,
C’est le vœu sincère
De tes dix-huit ans.
Tu crains la tourmente,
Et, de ton destin,
Fille, sœur, amante,
Déjà t’épouvante
L’aube frémissante.
L’orageux matin.
Ton âme qu’agite
Le souffle des dieux,
Ton sein qui palpite.
L’éclair de tes yeux.
Et l’accord qui tremble
Sous tes doigts émus,
Et ta voix qui semble
De mots inconnus
Chercher le mystère,
mon cher trésor !
Tout dit à ta mère
Que, dans son essor.
Déjà ton génie
Au mal s’est heurté,
Et que l’ironie,
L’amère ironie
Navre ta fierté.

Et je voudrais donner à ton âme inquiète
Un conseil, un exemple ; et, m’offrant pour appui,
Répandre dans ton sein cette vertu secrète
Par qui lui soit rendu le repos qui l’a fui.
Mais, en sondant, hélas ! et mon cœur et ma vie.
Je vois trop à quel prix le trouble m’est ôté.
Et d’où me vient la paix que ta jeunesse envie !...
Que Dieu te garde, enfant, de ma sérénité !

L’OLIVIER

Bel arbre au tronc penché, noirs et noueux rameaux.
Feuillage pâlissant, tige à la baie amère,
De qui retient son nom la hauteur solitaire
Où Jésus dans la nuit vint pleurer sur nos maux ;
 
Pathétique olivier, au seuil des temps nouveaux,
Toi qui vis, s’effrayant de son calice austère.