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— Cela n’est pas de refus, répondit l’homme aux fagots qui se nommait Pierre-Marie.

Les trois voyageurs continuèrent à marcher, et quand ils furent arrivés à Marseille, le capitaine trouva enfin un navire à commander. C’était un vaisseau de trois mille tonneaux, et il mit à la voile, n’ayant pour équipage que le capitaine Pierre et les deux hommes qu’il avait rencontrés sur sa route, mais ils étaient si forts qu’ils suffisaient à la manœuvre.

Le commencement du voyage se fit avec bon vent et mer belle ; mais le beau temps ne dura pas toujours et il s’éleva une tempête si violente que le capitaine n’en avait jamais vu de pareille ; le navire fut balloté pendant trois jours, puis il fut poussé à la côte et vint échouer sur le sable à peu de distance du rivage. Les hommes qui le montaient se sauvèrent tous les trois, et, comme le pays était désert, avec les débris du navire, ils construisirent une petite maison auprès d’un gros rocher, et ils recueillaient avec soin les caisses de biscuit et de lard que la mer jetait sur le rivage. Quand le temps était beau, ils retournaient au navire et amenaient à terre tout ce qu’ils pouvaient emporter.

Ils ne tardèrent pas à s’ennuyer de toujours manger de la viande salée. Le capitaine dit à ses compagnons :

— Nous allons chasser dans la forêt pour avoir de la viande fraîche, et celui qui restera à la maison pour faire la cuisine sonnera la cloche à midi pour avertir les autres.

Ils avaient apporté à terre la cloche du bord et l’avaient installée à la porte de leur cabane.