Page:Séances et travaux de l’Académie des sciences morales et politiques, série 2, tome 6.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans recevoir un équivalent de la valeur que nous lui attribuons, par suite seulement de cette opinion où nous sommes que, quoiqu’il ne soit pas actuellement utile, il peut, d’un jour à l’autre, le devenir.

Enfin, et c’est par là surtout que la doctrine de M. Mac-Culloch doit provoquer notre attention, si les services productifs valent en raison de leur utilité, et si la production donne de la valeur aux choses en les utilisant, ce n’est pas au travail lui-même, en particulier, ou aux services productifs, en général, qu’il faut attribuer, l’origine de la valeur d’échange, c’est à l’utilité même qui résulte du travail ou de la production. Si c’est en créant de l’utilité directe ou indirecte que la production crée de la valeur, la valeur n’est plus l’effet de la production ; elle est l’effet de l’utilité. Ce raisonnement me paraît sans réplique. Or, que devient la doctrine de Mac-Culloch lorsqu’elle est réduite à ces termes ? Que devient la doctrine de Smith et de Ricardo ainsi modifiée par leur habile disciple ? Évidemment elle s’évanouit ; en se transformant elle s’efface en se complétant, elle se détruit ; elle perd toute son originalité ; elle retombe évidemment dans la doctrine de l’école française qui fait venir la valeur de l’utilité. La doctrine anglaise ne forme plus un système à part, une école distincte ; elle se fond dans la doctrine de Condillac et de J.-B. Say. Dès lors elle devra partager le sort de celle-ci ; elle restera soumise à toutes les objections que j’invoquerai contre elle. Mes arguments porteront désormais sur l’une et sur l’autre doctrine. Elles se défendront ensemble, et si elles succombent, elles succomberont toutes les deux et sous les mêmes coups.

II.

Cette seconde doctrine qui a prévalu en France, et qui fonde la valeur d’échange sur l’utilité, paraît préférable, au