Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
45
soubrettes et bonnes à tout faire

de l’Ecole avec un grand E : il est certain que les fantômes qui sortent de ce monument savent prendre partout leur bien, je veux dire ce qu’il faut pour, devant des yeux naïfs, se matérialiser.

Parmi les livres légers qu’Abel Hermant fabrique avec application je signalerai encore Le Sceptre.

Le Sceptre, c’est, en un dialogue peut-être spirituel, l’histoire d’un archiduc qui, sur le point d’hériter un empire, recule devant la vie exceptionnelle, se fait passer pour mort et s’efforce de s’organiser une bonne petite existence bourgeoise. Mais il n’a pas de persévérance, il rate son entreprise et se résigne à régner.

L’idée pouvait être intéressante et d’une ironie profonde. Mais les choses qui font penser mettent en fuite le public. Et puis la pensée, c’est un peu loin d’Abel Hermant. Je soupçonne qu’il n’a pas eu besoin d’être prudent.

Les personnages sont des fantoches absurdes et leurs conversations essaient seulement d’être drôles. Quelquefois l’un d’eux déclare que ce qui arrive « c’est du Shakspeare. » Mais un autre affirme ou vient d’affirmer : « C’est de l’opérette. » Or M. Hermant pastiche mieux Meilhac que Shakspeare.