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brute triomphent de l’homme à peine commencé. Ni Jésus ni Épictète certes ne confondraient le son ivre du clairon avec la voix de la conscience et ne consentiraient à tuer pour les néants que vous êtes : France ! Allemagne ! Russie !

L’ancien officier de marine qui signe Olivier Saylor n’a pas plus de talent naturel que les frères Margueritte et il sait moins son métier d’écrivain. Aussi banal et ennuyeux, il nous fait bâiller devant un travail moins correct. Dans Le Tout-Pourri, par exemple, où il touche à des choses qu’il ne connaît pas mieux que nous, il se manifeste un des mille maladroits qui, d’un geste avide et ridicule, cherchent le scandale.

Mais son premier essai, les Maritimes, mérite de nous arrêter un instant par sa valeur documentaire et révélatrice. L’auteur nous y montre en acte « l’effroyable stupidité des maritimes », leur caractère avili par « de longues années passées dans la servitude » et par « les galons acquis un à un et payés d’obéissance anéantie ». Il ne ménage pas tous ces infâmes